Par Nicolas Lorca

Les luttes du mouvement noir au Brésil commencèrent bien avant la libération des esclaves. Au cours des premières décennies du XX e siècle, plusieurs organisations du mouvement noir virent le jour et s’implantèrent dans tout le pays. Trois organisations ont été fondamentales pour la construction des luttes du mouvement noir contemporain : le Front noir brésilien (FNB), le Théâtre expérimental du Noir (TEN) et le Mouvement noir unifié (MNU).

Le Front noir brésilien apparut au début du XX e siècle, et il marqua le mouvement noir au Brésil de manière significative. Ses dirigeants défendaient un nationalisme extrême : la haine contre les immigrés
et la démocratie libérale faisaient partie de leur patrimoine idéologique. Le caractère conservateur de la mobilisation raciale des années 1930 est bien connu, ainsi que son hostilité à la démocratie libérale, mais il acquiert davantage de relief si on le compare avec le mouvement anarchiste du début du vingtième siècle, qui s’illustra notamment lors de la célèbre grève de 1917 [1].

Plus tard, un autre mouvement se dessina. Pendant les années 1940, le Teatro Experimental do Negro (Théâtre expérimental du Noir) apparut dans l’axe Rio de Janeiro-São Paulo. Ce mouvement voulait discuter des relations raciales et de la place des Noirs dans les arts. Le Teatro Experimental do Negro de Abdias Nascimento proposa une nouvelle représentation des Noirs dans la société. D’autre part, Solano Trindade, jusqu’alors membre du Teatro Experimental do Negro, préféra avancer, quant à lui, une perspective anti-élitiste orientée vers les problèmes sociaux et les inégalités au Brésil. En ce sens, Tridade souhaitait construire un mouvement noir anticapitaliste qui ne soit pas lié aux institutions et s’attaque directement à l’inégalité sociale. En raison des contradictions politiques du TEN, Trindade rompit en 1950 avec ce groupe d’artistes et fonda le Théâtre populaire brésilien (TPB).

Ensuite, le MNU apparut au plus fort de la dictature militaire [2]. En 1974, l’émergence des luttes sociales, le racisme et la violence raciale permirent à l’opposition à la «démocratie raciale [3]» de prendre un caractère politique. Le MNU a certainement influencé le mouvement noir brésilien dans le monde contemporain. Après la redémocratisation [des années 1980], plusieurs collectifs et organisations du mouvement noir sont apparus, reproduisant les mêmes dynamiques et perspectives.

Le mouvement noir, surtout aujourd’hui, revêt un caractère dualiste parce qu’il reprend à son compte les anciennes perspectives du mouvement noir brésilien et construit une lutte contre le racisme sur des bases similaires. Le mouvement noir au Brésil, dans sa genèse, présente d’énormes défauts – ce mouvement se réclame aujourd’hui de la gauche – et entretient de nombreux liens avec les institutions.

Cet article cherchera à comprendre l’histoire du mouvement noir au Brésil, ses origines et ses influences sur le monde contemporain. Il tentera de dégager certaines tendances, victoires et défaites de ce mouvement.

Du Front noir au Théâtre expérimental du Noir

Le Front noir brésilien vit le jour au début du XX e siècle. Son programme remettait en cause les inégalités raciales et la violence que subissaient les Noirs. Avant son institutionnalisation en 1931, le
FNB réussit à organiser plus de 100 000 membres et s’implanta dans les principales capitales brésiliennes. Toutefois, au cours de ce processus, il se rapprocha du nazisme et du Mouvement (monarchiste) pour une patrie nouvelle brésilienne.

En 1936, le FNB se transforma en un parti politique et voulut participer aux élections afin de capitaliser le vote de la «population de couleur». Influencé par la montée du nazisme et du fascisme à l’échelle internationale, il défendit un programme politique et idéologique autoritaire et ultranationaliste.

Le FNB apparut dans un contexte très particulier de notre histoire : l’ère Vargas [4]. Selon ce mouvement – qui prétendait devenir un parti politique –la question raciale devait être radicalement réorientée et la condition des Noirs dans la société brésilienne était insupportable. Cependant, ce «parti politique» abritait des contradictions énormes. Le caractère conservateur de la mobilisation raciale des années 1930 est bien connu, tout comme son soutien déclaré au nazisme et au fascisme, son traitement hostile des immigrés européens (en particulier des immigrés italiens) et sa proximité avec le mouvement intégraliste [5]. Comme le note Regina Pinto : «[…] le président [du FNB] ne fut pas le seul à exprimer sa sympathie pour les régimes totalitaires, alors en pleine ascension en Europe. Plusieurs dirigeants noirs, liés au [FNB], et influencés par les idées nationalistes et patriotiques, exprimèrent une opinion favorable à l’égard de ces régimes [6]».

Comme nous l’avons mentionné auparavant, sur le plan programmatique, le FNB se laissa constamment instrumentaliser par l’extrême droite brésilienne et s’allia à elle, en s’identifiant aux positions défendues par le nazisme et le fascisme. Selon Domingues : «[…] influencé par la conjoncture internationale de la montée du nazisme et du fascisme, il se fit connaître par son programme politique et idéologique autoritaire et ultranationaliste. Son principal dirigeant, Arlindo Veiga dos Santos, fit publiquement l’éloge du gouvernement de Benito Mussolini en Italie et d’Adolf Hitler en Allemagne. Le sous-titre du journal A voz da Raça était également symptomatique : “Dieu, Patrie, Race et Famille”, et ce slogan se différenciait seulement de la principale devise intégraliste (mouvement brésilien d’extrême droite) par l’ajout du terme “Race” [7]».

La position conservatrice et excessivement confuse du FNB était fondamentalement en accord avec les propositions de «création d’une nation noire» et de «réévaluation de la culture noire» et les propositions panafricanistes de «retour en Afrique [8]». Ces propositions s’opposaient clairement à l’idée d’un «blanchiment social [9]» assuré par l’immigration, selon la volonté du gouvernement brésilien.

Dans ce cadre, le mouvement tenta de construire des villes et des territoires majoritairement noirs. À Porto Alegre, par exemple, furent crées des «colonies» noires régies par une sorte d’«entraide» entre les «hommes de couleur». L’Union des hommes de couleur (União dos Homens de Cor) est un exemple d’entité fondée sur l’entraide. Fondée à Porto Alegre en 1943, elle réussit à s’implanter dans plus de dix États du Brésil en moins de cinq ans. Ce groupe appartenait au mouvement noir qui profita de la redémocratisation en cours durant les années 1940, lorsque d’autres entités telles que le Teatro Experimental do Negro (Théâtre expérimental du Noir) d’Abdias do Nascimento apparurent. Ils luttaient contre la discrimination raciale et cherchaient à mettre au point des formes d’ascension sociale en s’appuyant sur l’éducation et l’aide sociale [10]. Dans ses statuts, l’Union des hommes de couleur prétendait «poursuivre un rêve».

Avec l’avènement de l’Estado novo [en 1937], le Front noir interrompit ses activités, mais les organisations du mouvement noir ne cessèrent pas d’exister. La mobilisation raciale reprit de la vigueur durant les années 1940 et 1950, notamment grâce aux efforts du Théâtre expérimental du Noir (TEN). Plusieurs séminaires et congrès furent organisés autour du TEN, en dehors de ses activités théâtrales proprement dites, dans l’axe São Paulo-Rio de Janeiro, sous la direction d’Abdias do Nascimento [11].

La trajectoire du TEN a connu de nombreux revers et conflits, surtout en ce qui concerne la conception de l’art théâtral et les façons de toucher des spectateurs potentiels. Ses créateurs provenaient principalement de l’élite noire de São Paulo et de Rio de Janeiro et, bien qu’ils se soient focalisés sur la question raciale, la discussion à son propos était encore assez limitée. Dans ce contexte Solano Trindade créa le TPB (Théâtre populaire brésilien), en défendant une conception opposée : son objectif était, dans une certaine mesure, de combattre l’élitisme du TEN et de construire un débat qui engloberait la question de la classe. À ce moment-là, pour la première fois, un débat se fit jour, dépassant la seule question raciale et incluant au minimum une relation entre race et classe.

Cependant, l’expérience du Théâtre populaire brésilien a été jusqu’ici minimisée par les universitaires et n’a généralement eu droit qu’à un demi-paragraphe ou à une simple note de bas de page dans la littérature spécialisée. Pourtant, le TPB représenta une avancée importante pour la discussion sur la question raciale au Brésil, car, outre la compréhension de la «négritude», il impulsa une réflexion sur les rapports de production dans lesquelles s’inséraient les Noirs. En bref, cette expérience visait à ce que le débat sur le racisme se concentre sur la situation des travailleurs noirs et marginalisés.

Pendant la première moitié du XX e siècle, le mouvement noir commença à s’organiser. Cependant, ses mobilisations n’avaient guère de rapport avec ce que les militants du mouvement noir actuel ont compris de cette période. Le Front noir brésilien défendait un projet ouvertement fasciste et se situait donc aux antipodes de toute «mobilisation anticapitaliste» (quelle que soit l’imprécision de ce concept).

Par la suite, les efforts investis dans les actions du Théâtre expérimental du Noir s’avérèrent inefficaces, car non seulement ses animateurs ne comprirent pas le lien entre les inégalités raciales et l’intégration des Noirs dans la société capitaliste, mais ils ne réussirent pas non plus à ce que «la conscience du rôle de la lutte des Noirs» atteigne les classes inférieures. Enfin, l’Union des hommes de couleur et plusieurs autres organisations «assistencialistes [12]» furent sévèrement réprimées et dissoutes au début de la dictature militaire et n’acquirent une organisation plus solide qu’à partir des années 1970.

Le mouvement noir durant la seconde moitié du XX e siècle au Brésil

La seconde moitié du XX e siècle a été, dans une certaine mesure, assez productive pour le mouvement noir brésilien. À cette époque, surtout à la fin des années 1970, divers collectifs et groupes – ayant des tendances et des positions différentes – commencèrent à émerger à la faveur d’études sur la «question noire» dans la société brésilienne.

Essayant de faire converger les différentes perspectives dans une lutte commune contre le racisme et l’inégalité raciale, le Mouvement noir unifié (Movimento Negro Unificado) émergea dans le sillage de ces mouvements. Sa création introduisit une nouveauté dans le débat racial au Brésil, même si elle était précaire : on commença à penser ensemble le racisme et la lutte des classes. Ainsi, la politique combinant race et classe attira des militants qui allaient jouer un rôle décisif dans la fondation du Mouvement noir unifié [13].

C’est à ce moment que diverses organisations et positions commencèrent à converger pour constituer un tel mouvement. Il convient de mentionner le rôle du groupe trotskyste Convergência Socialista (Convergence socialiste), qui fut d’une importance fondamentale pour la construction du MNU et, plus tard, son intégration dans le Parti des travailleurs.

Les capacités organisationnelles du MNU à ses débuts et son pouvoir d’attraction sur les jeunes Noirs et certains secteurs de la classe ouvrière sont indéniables. Dans son excellent article sur la mobilisation raciale au Brésil, Luiz Barcelos note que «le projet politique le plus clair de la mobilisation raciale contemporaine se matérialise avec la création, en 1978, du Mouvement noir unifié. Deux aspects sont fondamentaux dans le profil du MNU : l’intégration des variables de la race et de la classe dans la pratique politique de l’organisation ; et la tentative de faire travailler ensemble les différents groupes et organisations agissant à ce moment [14]».

Le groupe devait, selon la proposition initiale, prendre le nom de «Mouvement unifié contre la discrimination raciale». Cependant, lors du premier congrès qui se tint en décembre 1979 à Rio de Janeiro, l’organisation choisit de s’appeler Mouvement noir unifié. L’adoption d’une référence raciale rendit impossible le regroupement de plusieurs secteurs discriminés, projet qui était celui de certains militants. Ainsi, s’opéra une rupture dans laquelle «le projet du Noyau noir socialiste contre le racisme fut reformulé, et on créa une organisation noire, indépendante de la structure et de la direction de la gauche, bien que le principe classiste de la lutte contre le racisme ait été préservé [15]».

Sur ce dernier point nous sommes en désaccord avec l’auteur : le MNU n’a pas maintenu une position de classe, ce que nous étudierons dans un prochain article. Depuis sa création, le MNU fut lié aux nouveaux partis de gauche et à l’opposition au régime militaire qui émergea dans ce contexte. Sur cette base, Leonardo Leitão et Marcelo Silva soutiennent que nous devrions analyser le MNU en prenant en compte la «tension institutionnelle».

Selon eux, «[…] la tension institutionnelle est le type de relation qui caractérise de plus en plus la trajectoire du mouvement noir au Brésil dans la période étudiée. Cherchant à dépasser une lecture simpliste qui tendait à associer cette relation à une “cooptation” du mouvement par les forces politiques du gouvernement, nous pensons que la tension institutionnelle, combinant le militantisme institutionnel des militants noirs avec l’action contestataire extra-institutionnelle, est fondamentale pour expliquer, au moins en partie, certaines des conquêtes obtenues par le mouvement noir en termes de politiques d’égalité raciale dans le Brésil après redémocratisation [16]» [des années 1980].

Le point de vue des auteurs susmentionnés peut être analysé sous deux angles différents : si, à ses débuts, le MNU n’était pas complètement institutionnalisé, il existait déjà une forte tendance à l’institutionnalisation, une attirance pour les solutions politico-partidaires, et une compréhension biaisée des relations sociales et des luttes parce qu’elle reposait sur des pratiques politiques traditionnelles. De plus, l’idée de «cooptation» avancée par Leitão et Silva ne se présentait pas sous sa forme complète dès le début du mouvement ; au contraire, elle se serait développée et concrétisée tout au long de ce processus.

Lorsque nous parlons de «cooptation», nous ne disons pas que les Noirs ou les «mouvements noirs» n’avaient pas le choix et ont donc utilisé la voie institutionnelle ; au contraire, la force politique que le MNU possédait à ce moment-là aurait pu être investie dans une lutte en dehors des partis et des syndicats. Alors pourquoi n’a-t-il pas pris cette orientation ? Pourquoi a-t-il choisi de s’associer aux partis qui émergèrent à cette époque ? Au cours de mes recherches, j’ai trouvé un dénominateur commun à ces questions : le MNU voyait la politique institutionnelle comme un lieu de représentation pour les Noirs ; et les mouvements noirs devaient donc l’occuper afin de «faire entendre leur voix».

La création de nouveaux partis suscita de nombreuses attentes chez les militants de la gauche brésilienne, dont beaucoup étaient (et sont) des dirigeants de mouvements sociaux, donc aussi du mouvement noir. Cette possibilité d’accéder à la politique partidaire leur sembla une excellente occasion d’investir concrètement les espaces politiques institutionnalisés (mairies, gouvernements des États, assemblées législatives municipales, étatiques et nationales) [17]. Le Parti des travailleurs joua un rôle essentiel dans ce processus.

Le MNU et les luttes du mouvement noir contemporain

Les liens que noua le MNU avec le Parti des travailleurs lui apportèrent la possibilité d’une «représentation noire». Par conséquent, les possibilités de lutte anticapitaliste dans le mouvement noir diminuèrent considérablement. Ces liens provoquèrent d’innombrables divergences au sein du MNU, car celui-ci, en principe, ne concevait pas la lutte contre le racisme comme étant liée à un parti politique ; cette position était notamment défendue par une partie des militants de Convergência Socialista et de la Liga Operária, membres de l’aile trotskyste du MNU, qui avaient adopté une position minimalement anticapitaliste. Ils avaient auparavant milité dans Convergência socialista et se retrouvèrent divisés,
puisque la grande majorité d’entre eux rejoignirent le PT.

Au fur et à mesure que le PT se développa et conquit des postes dans les municipalités et les États, le nombre de cadres du MNU augmenta. En même temps, de plus en plus de militants s’insérèrent dans des dynamiques institutionnelles. Dans son mémoire de maîtrise sur «L’élite politique noire au Brésil», Flavia Rios observe que, à partir de ces liens du MNU avec le PT, émergèrent plusieurs collectifs et organisations du mouvement qui reproduisirent cette même dynamique institutionnelle et dont l’auteur analyse le rôle durant certaines périodes de lutte anticapitaliste dans le mouvement noir brésilien [18].

Au bout de presque trente ans d’institutionnalisation, le MNU est devenu une organisation peu – ou presque pas – implantée dans le mouvement noir. Cependant, la perspective de la «représentation politique» est encore très prégnante dans le mouvement noir, peut-être en raison de l’influence du MNU ou de la capitalisation [19] croissante des luttes, des symboles, des mouvements et de la culture noire.

La recherche de la réaffirmation des Noirs dans la société de classe fait partie de ce processus. Cette lutte, à son tour, reflète également toutes les tares des organisations noires précédentes, car elle renforce les préjugés fondés sur la couleur de peau et s’oppose de plus en plus aux relations interraciales. De plus, le mouvement noir contemporain présente plusieurs autres caractéristiques qui reproduisent les anciennes dynamiques et positions du mouvement noir brésilien.

Ainsi, les luttes du mouvement noir se réduisent à une simple lutte pour «l’émancipation politique», lutte qui vise seulement à acquérir le statut d’une nouvelle élite, et reproduit ainsi les conditions oppressives du capitalisme.

Rappelons enfin que le fascisme et le mouvement noir brésilien entretinrent une relation intime [dans les années 1920, 1930 et 1940] 20 . À ces diverses époques, une partie importante du mouvement noir exprima un soutien déclaré au nazisme ou même à diverses pratiques et positions fascistes.

Je ne pouvais donc terminer ce texte sans poser la question suivante : est-il possible de construire un mouvement noir anticapitaliste dans les conditions actuelles ?

Notes

[1] https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=2138.

[2] La dictature militaire commença par un coup d’Etat en 1964 et dura jusqu’en 1985 (NdT).

[3] Contrairement à un mythe fort répandu, le concept de «démocratie raciale », n’aurait pas été inventé par le sociologue Gilberto Freyre qui l’a d’ailleurs peu utilisé. Selon l’étude de Christophe Brochier (disponible sur le site halshs.archives-ouvertes.fr), elle aurait été employée pour la première par un juriste partisan du dictateur Getulio Vargas et de son Estado Novo. Quoi qu’il en soit, cette notion est au centre de la mythologie d’un Brésil non raciste (NdT)

[4] Comme l’explique Ricardo Antunes, «La longue période pendant laquelle Getúlio Vargas resta au pouvoir (1930-45 et 1950-54) s’ouvrit par ce que l’on a appelé la “Révolution de 1930”, un mouvement politico-militaire qui fut plus qu’un coup d’État et moins qu’une révolution (bourgeoise). Ce mouvement et son projet économique industrialisant étaient portés par un État fort et centralisé, surtout après le coup d’État de l’Estado Novo, en 1937, qui lui donna une nette connotation dictatoriale et bonapartiste, et ce jusqu’en 1945, date à laquelle Vargas dut quitter le pouvoir à la suite d’un autre coup d’État. Réélu au suffrage universel en 1950, Vargas forma un gouvernement plus réformiste et moins dictatorial.» https://www.cairn.info/revue-actuel-marx-2007-2-page-97.htm

[5] L’intégralisme est un mouvement, traditionnaliste, réactionnaire et ultra-nationaliste théorisé par Plinio Salgado. L’Action intégraliste brésilienne (AIB), fondée en 1932, a compté jusqu’à plusieurs centaines de milliers de membres. Les historiens divergent sur sa caractérisation politique. Certains (comme Nicolas Lorca et João Bernardo) soulignent sa parenté avec le fascisme (autoritarisme, culte du chef, exaltation de la violence, nationalisme, anticommunisme et «esthétique» : chemises vertes, usage du symbole sigma, bras tendu). D’autres soulignent ses spécificités : catholicisme intégriste et valorisation du métissage.

[6] Luiz Barcelos, «Mobilização Racial no Brasil: uma revisão crítica», Afro-Ásia, volume 1, n° 17, 1996. p. 196.

[7] Petrônio Domingues, «Movimento Negro Brasileiro: alguns apontamentos históricos», Tempo, volume 12, n° 23, 2007, p. 106.

[8] Cf. De retour en Afrique de João Bernardo et Manolo, Editions Ni patrie ni frontières, 2018.

[9] Comme l’expliquent Francine Saillant et Ana Lucia Araujo: «Il faut se rappeler qu’aprèsl’instauration de la loi Áurea, loi qui officialisa la “libération” des esclaves, et donc la fin supposée de l’esclavage dans ce pays, en 1888, l’économie brésilienne dut faire face à une restructuration de taille, ne pouvant plus compter sur la main-d’œuvre forcée des esclaves venus de diverses régions d’Afrique. Un projet dit de “blanchiment de la nation” vit le jour, lisible à travers la peur que constituait entre autres, pour les scientifiques de l’époque, le métissage (comme forme biologique d’hybridation), source d’impureté et de dégradation “de la race” (blanche), et les pratiques nationales de soutien à l’immigration qui ont favorisé, en particulier dans les régions sud et sud-est, la venue d’Européens de diverses origines […]. l’État brésilien préfère introduire des immigrants européens pour créer un excédent de main-d’œuvre que de faire appel aux anciens esclaves pour le travail dans les plantations de café et plus tard dans les manufactures. L’arrivée des immigrants européens en provenance de l’Italie, de l’Allemagne, de la Pologne, de l’Espagne et plus tard du Japon fait ainsi partie d’un projet de “blanchiment” de la population et de renforcement du mythe des trois races, selon lequel le Blanc, l’Amérindien et le Noir sont à la base de la formation de la société brésilienne. Avec la montée des nationalismes au début du XX e siècle, la nécessité de donner un visage particulier au pays se fait de plus en plus criante. Avec Getúlio Vargas, pendant la période de l’Estado Novo, l’idéologie du blanchiment où le Blanc prédominait et était considéré comme supérieur cède la place à l’apologie du métissage et de la figure du Métis.» «L’esclavage au Brésil : le travail du mouvement noir», Ethnologie française, 2007/3, volume 37. https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2007-3-page-457.htm (NdT).

[10] Daivison M. C. de Campos, O grupo palmares (1971-1978): um movimento negro de subversão eresistência pela construção de um novo espaço social e simbólico, 2006, maîtrise d’histoire, faculté de philosophie et de sciences humaines, Pontifícia Universidade Católica de Rio Grande do Sul, Porto Alegre.

[11] Luiz Barcelos, «Mobilização Racial no Brasil: uma revisão crítica», Afro-Ásia, volume 1, n° 17, 1996. p. 196.

[12] Ce terme désigne des organisations philanthropiques privées ou des services municipaux ou gouvernementaux qui fournissent une aide matérielle temporaire (nourriture, médicaments) aux couches les plus pauvres mais parfois se servent de cette aide pour acheter les votes en faveur de tel ou tel candidat (NdT).

[13] Luiz Barcelos, «Mobilização Racial no Brasil: uma revisão crítica», Afro-Ásia, volume 1, n° 17,
1996. p. 199.

[14] Ibid., p. 199.

[15] Ibid., p. 199-200 (Souligné par nous ?)).

[16] Leonardo Leitão et Marcelo Silva, «Institucionalização e contestação: as lutas do Movimento Negro no Brasil (1970-1990)», Política & Sociedade, Florianópolis, volume 12, n° 17, septembre/décembre 2017, p. 320.

[17] Ibid., p. 343.

[18] Flávia Rios, Elite política negra no Brasil: relação entre movimento social, partidos políticos e Estado, 2014, thèse de doctorat en sociologie, faculté de philosophie, lettres et sciences humaines, Université de São Paulo.

[19] Cette capitalisation fait partie du capitalisme et de sa dynamique fondée sur le profit, elle leur estindissolublement liée ; par conséquent le dépassement de cette relation implique une rupture avec le capitalisme.

 

Les œuvres qui composent l’illustration de cet article sont du peintre sud-africain George Pemba (1912-2001)

 

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